Blog
La fin des carrières linéaires : vers un nouveau modèle professionnel— Avec Sonia Valente
C’est pas un scoop, on est en 2023 et le modèle des “40 ans dans la même boîte” est dans notre rétroviseur depuis un bon bout de temps. Avant, une carrière réussie, c’était gravir les échelons de ton service au sein de la même société et partir à la retraite avec la médaille du travail pour ultime reconnaissance.
Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… Le monde du travail a changé à un rythme aussi soutenu que les aspirations des travailleurs. À l’occasion de ce 44ème épisode du “Mouton à 5 Pattes”, on revient très rapidement sur ce modèle obsolète pour mieux embrasser la polyvalence et la diversité des parcours professionnels.
Pour parler de ce sujet passionnant, nous avons eu la chance d’accueillir Sonia Valente, experte RH, juriste en droit du travail, coach professionnelle certifiée, auteure et copywriter RH… Une intervenante multi-casquette ultra-représentative du sujet dont elle est l’experte et qu’elle traite ici.
Que tu sois jeune diplômé, professionnel en milieu de carrière et/ou que tu envisages un virage pro à 180° voire à 360°, cet épisode est ton allié parfait pour garder une longueur d'avance sur le marché du travail !
Stéphanie Reniers
Bonjour à tous ! Bienvenue dans « le Mouton à 5 pattes ». Aujourd’hui, nouvel épisode avec un sujet brûlant : « La fin des carrières linéaires. » J’ai le plaisir d’accueillir Sonia Valente. Sonia, bonjour.
Sonia Valente
Salut.
Stéphanie Reniers
Alors, je vais essayer de faire un petit résumé de qui tu es et si j’oublie quelque chose surtout n’hésite pas à rajouter ta petite note personnelle.
Donc avant tout Sonia, c’est une passionnée par le monde du travail et le monde des RH ; juriste en droit du travail pendant trois ans ; coach professionnelle certifiée ; et aussi (ça, je ne le savais pas) tu es auteure d’un livre publié chez Eyrolles qui est « Comment trouver sa place quand on ne rentre dans aucune case : le guide des multipotentiels dans le monde du travail ».
Aujourd’hui Sonia, tu accompagnes les entreprises et tu les aides à augmenter la visibilité et à asseoir leur notoriété sur le web grâce à la rédaction d’articles, de livres blancs, de posts LinkedIn dont la cible se souviendra. Donc le but : fidéliser les clients, les lecteurs en rédigeant les newsletters. Est-ce que j’ai oublié quelque chose, Sonia ?
Sonia Valente
Non. Tout est nickel. Tu as pensé à tout.
Stéphanie Reniers
Au top ! Donc Sonia, pour rentrer dans le vif du sujet, une carrière linéaire, c’est quoi ? Qu’est-ce qu’on entend par là ?
Sonia Valente
Alors une carrière linéaire, c’est très simple.
Pour te donner un exemple, tu as 18 ans. Tu as eu ton bac. Tu décides de faire des études (je vais prendre un peu ce qui me parle parce que c’était ma première direction) de droit pour avoir avec objectif de devenir juriste. Puis, tu gravis les échelons comme ça. Tu te spécialises sur un domaine. Moi, c’était le droit du travail et puis au fil du temps, tu passes Responsable juridique et puis après peut-être Directeur juridique ou Directeur RH.
Donc, une carrière linéaire c’est une carrière où tu restes dans le domaine, dans le même secteur d’activité, dans le même domaine de compétences. Donc, tu es plutôt spécialiste et expert au fil des années.
Stéphanie Reniers
Tu montes ce fameux petit escalier. Tu montes les échelons, mais dans un même secteur, un même département.
Sonia Valente
Exactement.
Stéphanie Reniers
Alors forcément ça fait un petit peu écho à ta propre carrière, à ta propre expérience. Quelle est aujourd’hui ta vision sur les carrières linéaires ?
Sonia Valente
Ma vision, c’est qu’il y en a toujours, certes, mais je crois qu’il va y en avoir moins. Donc aujourd’hui jusqu’à maintenant la balance était tout de même comme où il y avait beaucoup plus de travailleurs qui avaient des cas linéaires alors aujourd’hui. J’ai l’impression que la tendance est en train de s’inverser et va s’inverser puisqu’il y a plein d’études quand même dont un rapport de l’OCDE qui était sortie, qui m’avait marqué quand j’étais tombée là-dessus, il y a pas longtemps ; et qui montrait qu’en 87, une compétence technique avait une durée de 30 ans et aujourd’hui elle a une durée de vie moyenne d’à peu près trois à cinq ans. Donc déjà quand tu te dis que trois à cinq ans, c’est une moyenne, ça pose forcément la question de se dire : est-ce qu’on va être obligé à un moment donné de changer de métier au fil de notre vie ?
Et vu comme les choses évoluent, l’émergence de toutes ces technologies qui viennent s’insérer dans nos process, dans nos métiers, dans nos façons de communiquer, ça me parait totalement logique qu’on exerce petit à petit plus le même métier de la même manière. Déjà que ça demandait peut-être d’autres compétences, mais qu’il y ait aussi beaucoup de personnes qui switchent de métier au cours de leur carrière. Et il y avait même l’Insee donc en France qui expliquait que les jeunes avaient, je crois, 20 ans aujourd’hui étaient amenés à voir au cours de leur vie [00:06:07] et ils allaient devoir changer entre cinq et 10 fois de métier, par rapport justement à ce changement du monde du travail qui s’accélère en fait lié à l’émergence de l’intelligence artificielle et tout ça qui viennent rabattre les cartes.
Stéphanie Reniers
Moi ce qui est, en tout cas c’est ce que je vis un peu dans le recrutement, donc c’est pour ça que je voulais voir un petit peu avec toi aussi. Est-ce que tu n’as pas l’impression qu’on est aussi un peu plus dans cette fameuse ère de consommation où aujourd’hui une personne n’a plus envie de rester 30 ans dans la même fonction ?
Qu’aujourd’hui tu peux être juriste en droit des affaires et devenir copywriter. Qu’aujourd’hui les gens se disent de plus en plus aussi avec l’ouverture et l’augmentation du nombre des freelances. Qu’une personne peut être comptable aujourd’hui, mais si dans un an, elle a envie de devenir boulangère, libre à elle de le devenir. Qu’il y a beaucoup moins de barrières par rapport à ça. Est-ce que tu ne penses pas que c’est lié à ça aussi ?
Sonia Valente
Oui, complètement. Là, je parlais surtout de la dimension un peu subie on va dire. C’est peut-être qu’on doit devoir y passer, mais il y a aussi la possibilité de le choisir et justement comme tu dis aussi aujourd’hui, c’est très facile avec l’ère d’Internet d’apprendre en ligne de nouvelles compétences.
Stéphanie Reniers
Oui, tu as tous les tutos.
Sonia Valente
Je pense qu’il y a 30 ans lorsque tu avais envie de changer de métier, il y avait déjà tout un tas de métiers qui ne s’exerçaient pas de manière digitalisée comme beaucoup de métiers aujourd’hui. Aujourd’hui tu peux apprendre depuis ton canapé un nouveau métier presque. Alors tout est relatif, mais il y a quand même énormément de métiers qui s’y prêtent et effectivement c’est Laetitia Vitaud qui a écrit un livre qui s’appelle Du labeur à l’ouvrage et qui expliquait que les salariés, les travailleurs se comportaient justement au consommateur d’emploi maintenant justement par rapport à ce que tu disais parce qu’il y a cette volonté de faire quelque chose qui soit liée avec ses besoins du moment, ce qui fait sens pour soi.
Donc, le rapport au travail a changé. On ne voit plus le travail comme un simple moyen de subvenir à ses besoins essentiels : se loger, se nourrir, etc. D’ailleurs en plus, ça s’effrite. On pouvait avoir un salaire. Tu te dis : « Génial ! » Mais aujourd’hui, les promesses ne sont plus alléchantes qu’il y a quelques années. Donc le rapport au travail bascule et les gens y voient ça comme un moyen de se réaliser ou de s’épanouir. Donc forcément au fil de notre vie, nos envies évoluent et donc ça amène forcément aussi les gens à switcher, à changer de job et à faire autre chose.
Stéphanie Reniers
Forcément si on parle de ton expérience professionnelle, à quel moment tu as fait le déclic ? Comment s’est passé le changement ?
Sonia Valente
Honnêtement je suis arrivée dans le droit un peu par hasard. Je n’avais pas forcément de réelles ambitions d’être juriste. C’était un peu un choix par défaut. Donc assez rapidement je savais que je n’allais pas y rester tout au long de ma vie. Seulement à ce moment-là, il y a sept ans en arrière, je subissais un peu. Je n’imaginais pas qu’il existait un autre modèle de carrière qui soit à l’opposé de la carrière linéaire, qu’il était possible de pouvoir construire une carrière un petit peu, justement assez généraliste où tu as plusieurs cordes à ton arc et où tu suis un peu tes envies. Donc ça a été assez difficile au début, mais c’était, on va dire, latent depuis déjà presque toujours. Je sais que je changerai forcément au cours de ma carrière de métier encore.
Stéphanie Reniers
Comment tu as géré ce changement ? C’est-à-dire donc tu étais juriste d’affaires. Ensuite, tu es directement passée coach ou alors comment ça s’est passé ?
Sonia Valente
Non. Quand j’ai quitté mon job, je ne savais absolument pas ce que je voulais faire. C’était l’opportunité de partir parce que ma boîte aussi prenait une direction qui ne me plaisait pas. Donc, j’ai négocié une rupture conventionnelle et j’ai passé un an à réfléchir à ce que je voulais bien vouloir faire de ma vie. Donc tout un tas de lecture comme beaucoup de personnes qui passent dans ces moments-là. Qui fait que dans ces moments-là, tout un tas de lecture, de rencontres.
Moi-même, je me suis coachée et de fil en aiguille, j’ai commencé un petit peu de dessiner la suite de ce que j’avais envie de faire. Je savais que je voulais rester dans le monde du travail. Je ne sais pas de quelle manière, mais il y a quelque chose qui me plait dans l’évolution du monde du travail, comprendre un peu aussi les attentes et les aspirations des salariés. Donc, je l’ai fait d’abord avec le coaching parce que j’avais adoré cette expérience-là en tant que coaché et ça m’intéressait de passer de l’autre côté, et ça m’a beaucoup plus. C’était hyper intéressant. Donc ça s’est fait de manière lente et en même temps assez rapide. Je suis plutôt quelqu’un qui ne réfléchit pas 40 ans. C’est-à-dire que j’ai une idée. J’ai mis un peu de temps à la trouver, mais après je passe à le pratiquer.
Stéphanie Reniers
Vu que tu as cette vision sur le monde des entreprises de manière générale, quel serait le conseil que tu donnerais à ces entreprises pour gérer justement ces nouvelles carrières, ces nouvelles envies, ces nouveaux besoins on va dire même des employés de vouloir changer à un moment donné de fonction ou carrément de carrière.
Sonia Valente
J’ai l’impression, je parle de ma propre expérience parce que quand je vois les entreprises pour lesquelles je travaille, je sens qu’il y a quand même une vraie volonté déjà des entreprises d’agir sur la carrière de leurs collaborateurs. Donc le conseil que je pourrais donner c’est que ça peut être ultra bateau, mais l’écoute. Déjà premièrement écouter ses collaborateurs et construire un modèle de développement professionnel qui puisse en fait permettre aux collaborateurs de, justement, monter en compétences, changer de complètement de services. Aujourd’hui, c’est hyper facile quand même. Il y a du coaching qui est proposé en entreprise, qui sont des outils digitalisés, qui permet d’être financièrement... Ça peut être proposé aux collaborateurs. Ce n’est plus proposé comme avant où il faut aller se déplacer, ça coûte un bras. Je pense qu’il y a quand même plein d’outils aujourd’hui qui permettent d’accompagner les collaborateurs à monter en compétence. De toute façon, c’est même nécessaire pour les entreprises aussi.
Stéphanie Reniers
Parce que je suis Belge, mais j’ai cru comprendre qu’aussi en France, tu as une retenue sur salaire pour les formations pour continuer à te former, quelque chose comme ça ; c’est possible ?
Sonia Valente
Tu as plusieurs dispositifs. C’est-à-dire qu’en France, c’est ce qu’on appelle le Compte Professionnel de Formation qui appartient aux salariés. Dès lors qu’il travaille, il va cotiser et ça va lui permettre de se former. Après, il y a d’autres dispositifs côté entreprise qui permettent aussi d’accompagner les collaborateurs ; mais ça, ça appartient à un co-salarié.
Stéphanie Reniers
Est-ce que tu vois de plus en plus d’entreprises qui privilégient cette mobilité interne, qui proposent aux employés de pouvoir rester dans l’entreprise tout en se reconvertissant ?
Sonia Valente
Franchement, oui.
Après évidemment, je ne peux pas dire si c’est une généralité, mais même lorsque je regarde les offres d’emploi (parce que j’aime bien aller regarder les offres d’emploi pour savoir ce que les entreprises mettent en avant maintenant et même dans leur fiche entreprise quelles sont les valeurs) et je constate qu’il y a quand même beaucoup de structures qui mettent justement ça en avant : la formation, la mobilité, le fait de pouvoir se développer les compétences. En tout cas, je le constate. Cela je dois le faire, si ce n’est pas toutes les semaines ou toutes les deux semaines où je vais regarder les offres d’emploi pour voir vraiment.
Stéphanie Reniers
C’est intéressant cela. Donc tu lis, mais tu prends de manière spontanée, de manière aléatoire ?
Sonia Valente
Oui, alors ça dépend. Par exemple, je connais quelqu’un qui veut chercher un truc, j’ai pensé à cette personne-là et je vais taper la recherche. Mais oui, je vais sur des moteurs de recherche et je regarde. Alors, est-ce que c’est toujours la question du « fake » ou pas ? Cela, c’est autre chose.
Stéphanie Reniers
Dans les grandes boites, je pense, tu peux maintenant on l’entend de nos clients aussi ; tu peux postuler en tout cas pour changer de département. Je pense peut-être que dans les startups c’est peut-être un peu plus compliqué de proposer forcément de la mobilité interne.
Sonia Valente
Non, il y a d’autres façon. Il y a quand même d’autres façons de stimuler cette envie de monter en compétence.
Stéphanie Reniers
Comme quoi par exemple ?
Sonia Valente
Déjà une startup qui a une culture, qui est ouverte à la curiosité et à l’apprentissage, qui va dire : « On a budget. Vous pouvez suivre une formation de votre choix tous les ans, tous les deux ans. » ; ç’est déjà génial. Parce que 1/ ça peut les servir puisque dans les startups c’est souvent très décloisonné. Donc, on fait plein de choses. Donc cela peut en même temps servir la boîte, que le collaborateur et son employabilité.
Stéphanie Reniers
Alors autre réflexion : « Est-ce que tu penses aussi que le fait de devenir freelance peut aussi être une réponse ; d’engager plus de freelances ; d’être plus ouvert aussi à ce statut peut être une réponse à des candidats d’essayer différents jobs, d’aller dans différentes entreprises ; d’avoir aussi cette diversité de missions. »
Est-ce que la montée parce qu’on bien le nombre de freelances augmente tous les jours. Est-ce que cela aussi c’est une réponse à la fin des carrières linéaires.
Sonia Valente
J’avais une amie qui intervenait dans les écoles de commerce et les écoles d’ingé et qui me disait (ces discussions-là ont eu lieu l’an dernier) que c’était incroyable le nombre de jeunes qui justement voulaient se lancer en freelance et pour cette raison-là parce qu’ils avaient d’expérimenter.
Donc, il y en avait qui avaient envie de garder un pied dans l’entreprise en tant que salarié et en même temps d’avoir un job freelance qui n’était pas forcément d’ailleurs en lien avec leur fiche de poste en tant que salarié, mais qui avaient envie.
Donc oui, je crois que les freelances si ça monte, ce n’est pas pour rien. Alors, il y a tout un tas d’autres raisons. Certains y voient comme une façon de gagner plus d’argent, d’accéder à plus de liberté. Donc parfois c’est quand même un peu un mythe.
Stéphanie Reniers
Alors cela, je te rejoins complètement. Ça reste quand même de dire que tu peux décider de tes heures, décider de tes tâches. Quand tu es en mission dans une entreprise, ça reste quand même très complexe.
Sonia Valente
On est d’accord. C’est très romancé. C’est beaucoup romancé cela, mais je pense par contre que moi, ça ne me surprendrait pas qu’il y ait de plus en plus de gens qui cumulent un emploi freelance avec un emploi salarié.
Cela ne me surprendrait pas pour justement nourrir soit cette envie de toucher un autre, un métier qui soit porteur de plus de sens. J’en sais rien, quel que soit la raison, ça ne m’étonnerait pas qu’on soit plusieurs à avoir deux casquettes.
Stéphanie Reniers
Tu parles carrément d’une deuxième activité.
Sonia Valente
Oui.
Stéphanie Reniers
C’est marrant que tu dises ça parce que par exemple, chez Gentis, on travaille quatre jours par semaine. On s’est rendu compte le cinquième jour, maintenant beaucoup exercent une autre activité.
Ça va vraiment à des cours de poterie à une qui fait des extensions de cils, donc esthéticienne, à des cours de chants. Oui, effectivement, cela rejoint complètement ce que tu dis.
Sonia Valente
Oui et puis en même temps si on y réfléchit bien cela parait tellement logique.
Je veux dire, imaginons tu vois quand tu penses un peu à passer 40 ans de ta vie à faire la même chose, c’est presque un peu incompatible avec notre façon d’être, notre cerveau. Un enfant tu vois, il est hyper curieux, il pose plein de questions.
C’est après le système scolaire qui nous amène à devoir (c’est un entonnoir) faire des choix petit à petit, à justement de construire ce modèle de carrière linéaire, mais en soi ce n’est pas étonnant qu’on ait besoin, sur une semaine, de faire autre chose.
Stéphanie Reniers
Alors, ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui, mais je trouve que c’est assez paradoxal d’avoir un système scolaire qui veut absolument te faire rentrer dans une case.
Maintenant, il y a un peu d’autres styles de pédagogie, mais grosso modo, il y a un système scolaire et il faut que tout le monde rentre dans ce système scolaire de « Ford » : travail à la chaîne, on y va, tout le monde dans un rang.
Au final, ça ne nous prépare pas du tout à l’environnement professionnel. Alors, je ne sais pas, je devrais parler à d’autres générations, mais je pense qu’il y a peut-être 20-30 ans, on ne se posait pas la question. Il fallait avoir un job alimentaire, tac. Il fallait y aller.
Aujourd’hui il y a beaucoup plus de questions qui se posent. Je le vois même avec ceux qui sortent de l’université, de la fac, qu’on va engager chez Gentis qui se posent déjà des questions. Ils ont 22 ans et ils se sont déjà en train… Quand tu dis aussi que tu entends, voilà ta copine qui enseigne à la fac, elle entend déjà des jeunes qui disent : je suis freelance.
De nouveau, il y a 10-20 ans un freelance avait 50 ans. C’était déjà quelqu’un d’expérimenté, quelqu’un qui amenait un vrai bagage à l’entreprise. Aujourd’hui, tu vois des gens de 22 ans, voire plus jeunes pour des exceptions être freelance.
Sonia Valente
Exactement et cela, c’est fou. Donc oui, cela ne me surprend pas que du coup quand tu es, ce serait d’ailleurs hyper intéressant de voir ce que ça donne aussi dans les autres boîtes, mais que sur quatre jours, quand tu passes ta semaine de quatre jours, que finalement en fait le cinquième jour, les gens en profitent pour développer une autre activité.
Stéphanie Reniers
Oui et tu as un peu ce mythe où je me disais qu’ils vont « se reposer » devant Netflix à ne rien faire. Ils vont juste se reposer.
Sonia Valente
Non !
Stéphanie Reniers
Non, pas du tout.
Ils ont commencé à parler, alors ça peut être du sport ou ça peut être une autre activité professionnelle, mais ils restent actifs le vendredi et ça va leur permettre de développer leur créativité qu’ils n’utilisent pas le reste de la semaine.
Donc, on a parlé de mobilité interne. On a parlé des freelances. On a un petit peu parlé du quatre jours semaine.
Est-ce qu’il y a d’autres choses pour toi qu’on peut mettre en place pour continuer à garder les meilleurs potentiels dans une entreprise, à faire en sorte qu’ils soient heureux même s’ils se reconvertissent, on les accompagne, mais au sein de la même entreprise.
Est-ce que c’est possible aujourd’hui de garder quelqu’un pendant 30 ans dans la même entreprise même avec 10 postes différents ?
Sonia Valente
Déjà tu écartes forcément toutes les PME, on ne va pas se mentir.
C’est peut-être quelque chose qui peut être jouable pour de très grands groupes, mais je ne crois pas du tout que ce soit viable pour des entreprises à la taille plus petite. Ce sont les limites forcément.
Non, je ne le pense pas, mais cela n’empêche que c’est quand même de la responsabilité des entreprises quelle que soient leur taille de proposer une expérience collaborateur où à la fin, le collaborateur même s’il quitte l’entreprise, il ressort en ayant grandi.
Stéphanie Reniers
En ayant évolué.
Sonia Valente
Oui, exactement, de nouvelles cordes à son arc et changer d’entreprise, voire carrément changer de métier.
Stéphanie Reniers
Il a appris.
Sonia Valente
Mais non, ça ne me parait pas possible.
Stéphanie Reniers
Et c’est peut-être une partie du mot de la fin.
Est-ce que toi, dans ton ancien emploi, est-ce qu’il y a quelque chose qui t’aurait retenue ; qui t’aurait fait rester ?
Est-ce que l’entreprise, ton employeur aurait pu faire quelque chose pour te garder et si oui, quoi ?
Sonia Valente
Oui. Franchement, ça serait ça et pourtant je pense que c’était en train de se lancer. C’est-à-dire qu’il y avait des possibilités de passer d’un service à un autre, d’être formé. Si on avait des envies : entretien annuel, qu’est-ce que tu as envie de faire. Mais ça ne va pas assez vite.
Mais je sais que si j’avais eu l’opportunité d’aller… Moi, ça m’aurait plu d’aller au service Formation, je pense que je l’aurais fait. Je serais restée.
Alors est-ce que j’y serais restée ? J’y serais encore. Je ne sais pas, mais j’y serais restée plus longtemps.
Stéphanie Reniers
En tout cas, voilà pour les entreprises qui nous écoutent, pour les départements RH, en tout cas la conclusion et le résumé, c’est qu’il faut aujourd’hui privilégier la mobilité interne, donner la possibilité aux gens d’évoluer au sein de l’entreprise.
Aussi, peut-être donner la possibilité des freelances ou de plus des flexibilités de travail pour permettre aux gens d’exercer une autre activité. Sonia, un tout grand merci pour le partage de ton expérience.
Sonia Valente
Merci.
Stéphanie Reniers
Alors en tout cas pour nos auditeurs, je vous dis à très bientôt ! Bonne journée ! Au revoir !
Articles similaires
Décollage professionnel : Direction le job de tes rêves — Avec Laila Maidane
Question : Est-ce qu’on pourrait (vraiment) remettre au premier plan les compétences pour évaluer les candidats ?
Coulisses de la Talent Acquisition : À la Rencontre d'un Agent de Talents — Avec Ludivine Mege
Dans ce nouvel épisode du Mouton à 5 Pattes, on parle TalentAcquisition, un sujet qui nous passionne tout particulièrement, et pas avec n’importe qui ! Stephanie Reniers, notre Co-CEO a eu le plaisir d’accueillir au micro la pétillante Ludivine Mege. Elle nous ouvre les portes sur son métier de Talent Acquisition Manager et de son approche toute particulière d’Agent de Talents. Alors, concrètement, c’est quoi un Agent de Talent ? La différence avec un recruteur “classique” ? Et surtout, qu’est-ce que cette approche apporte réellement ? Réponse dans cet épisode, exemples à l’appui, où Ludivine nous embarque dans son aventure au cœur de la Talent Acquisition !
Conformité et éthique : Les défis et les enjeux de la compliance — Avec Thomas Faelli
Compliance officer… On est d’accord, dit comme cela, ce n’est certainement pas le job que tu voulais faire quand tu avais 7 ans et que tu hésitais encore entre Astronaute et Archéologue, comme le dit si bien l’invité de cet épisode.
Rejoignez notre communauté active de professionnels et découvrez votre potentiel.
Pour vous tenir au courant de nos dernières actualités.