Si le télétravail a suscité une vague d’engouement pendant la crise sanitaire, il semblerait qu’il ne soit plus aussi attrayant comme en atteste une récente enquête menée auprès de 3200 personnes. Chez nos voisins allemands, il est même en baisse avec un cinquième qui apprécie télétravailler contre un quart un an plus tôt.

Peut-on dire que c’est la fin du télétravail ? Non. Néanmoins, ce mode de travail n’est pas fait pour tout le monde. Découvrez 6 signes qui montrent qu’il est (peut-être) l’heure de revenir au bureau.

#1- Quand la solitude rend mal

Un sondage réalisé par l’Ifop auprès de télétravailleurs français en 2020 révèle que 55% d’entre eux souffrent du manque de lien avec leurs collègues. D’après leurs réponses, discuter de vive voix à la machine à café et déjeuner entre collègues sont des moments qui participent à leur bien-être. À bien y réfléchir, ce n’est pas surprenant. Le travail est un lieu de socialisation et de rencontres amoureuses.

En télétravaillant, les interactions physiques et les espaces partagés - qui certes peuvent de temps à autre distraire - sont remplacés par une pièce (ou un coin de la maison) réquisitionnée en bureau de travail où les collaborateurs se retrouvent seuls. Et pour certains, la solitude devient une souffrance qui affecte le moral, la santé et la productivité. Il est donc important de sensibiliser les managers et les salariés aux signes avant-coureurs, en particulier auprès des personnes extraverties qui sont connues pour avoir besoin d’être en contact régulier avec autrui.

Parmi ceux qui doivent alerter, on trouve : la difficulté à se lever le matin, le manque d’entrain, le pessimisme, le repli sur soi, la baisse de la confiance en soi, la chute de la motivation, le développement de troubles anxieux, la dépression avec parfois des arrêts maladie.

À titre d’exemple, un salarié connu pour avoir un caractère enjoué, dynamique, sociable, proactif et qui se renferme sur lui depuis qu’il télétravaille n’est probablement pas dans son élément à la maison.

#2- La surconnexion, une menace pour l’équilibre vie pro/vie perso

Vous recevez des e-mails à des heures tardives ? Le salarié à des difficultés à délimiter la frontière entre vie pro/vie perso et son travail empiète sur le reste ? Il consulte ses messages professionnels pendant le week-end et les vacances ? C’est donc le moment de tirer la sonnette d’alarme ! Car ce qui guette votre collaborateur, c’est le surmenage ou pire, le burn-out.

Ceux qui sont plus à risque ? Les personnes qui sont connues pour leur haut niveau d’investissement et/ou qui ont un fort besoin d’être validées par leurs supérieurs. Car la surconnexion a des effets délétères sur la santé et le bien-être des salariés, et sur l’efficacité professionnelle.

Comme l’explique l’INRS, il existe trois problématiques majeures liées à la surconnexion :

• Le débordement du travail sur la vie privée.

• L’infobésité qui est une surcharge informationnelle. Pour certains salariés, la quantité d’information reçue est considérable, ce qui génère des interruptions et un sentiment de ne pouvoir jamais s’arrêter.

• L’émergence au sein de l’équipe d’une norme implicite de connexion permanente. L’impression qu’il est nécessaire d’être connecté à tout moment entraîne une multiplication des interruptions dans le flux naturel de travail.

#3- Une communication défectueuse source de tensions

Si en présentiel la communication était fluide et sans accroc, depuis que l’équipe est en télétravail, ce n’est plus la même chose ? Malentendus, quiproquos, erreurs, perte de temps… Les collaborateurs et managers ont du mal à se faire comprendre. Comment est-ce possible ?

La raison tient au fait que la communication est une affaire de mots utilisés, de ton, de gestuelle, de regard et d’expression du visage. Ainsi, lorsque notre interlocuteur nous transmet une information en face à face, nous l’interprétons à travers divers filtres sensoriels : visuel, auditif, kinesthésique.

Or, en télétravail, la majorité des échanges se résume à des messages écrits. Les risques de mauvaise interprétation sont alors plus importants. D’autant plus qu’en tant qu’êtres humains, nous avons tendance à interpréter négativement une situation. Ce mécanisme cognitif appelé « biais de négativité » est une réaction du cerveau pour se prémunir d’un danger lorsqu’il ne perçoit pas toute la réalité.

La communication à distance et en asynchrone peut donc être à l’origine de mauvaises interprétations des directives, des feedbacks, des comportements et des intentions, et déclencher des tensions qui n’existeraient pas en présentiel. Vous l’aurez donc compris : si la communication crée des frictions au sein des équipes, peut-être est-il temps de revenir au bureau.

#4-L’équipe n’est plus aussi soudée

Le sentiment d’appartenance est essentiel à la cohésion d’équipe et à la fidélisation des collaborateurs. Une discussion légère à la machine à café, un fou rire partagé, le travail collectif, le soutien apporté à un collègue que l’on voit en difficulté sont des moments fréquents en présentiel et contribuent à créer des relations solides.

Avec le télétravail - et en particulier le télétravail total - ils disparaissent. Les salariés n’ont plus ou ont moins de contact physique et leurs interactions se limitent à des messages professionnels. La relation à l’autre n’est plus qu’intéressée, à savoir échanger pour avancer dans ses tâches, son travail. Or, le sentiment d’appartenance et les relations solides sont indispensables au bien-être et à la motivation.

Si malgré les réunions d’équipe en visio et les outils de messagerie interne vous constatez que les échanges entre collègues sont strictement professionnels et laconiques, attendez-vous à ce que la cohésion d’équipe soit ébranlée ! Il est alors peut-être utile de faire venir les collaborateurs au bureau pour renforcer les liens.

#5- « Le théâtre de la productivité » ou l’art de faire semblant de travailler

« Le théâtre de la productivité » est un phénomène qui consiste à donner l’impression d’être occupé à des tâches pour paraître plus productif qu’on ne l’est en réalité. C’est par exemple le cas lorsque l’on rédige des mails pour montrer que l’on travaille dur alors que cela n’apporte aucune valeur réelle ou que l’on envoie des messages sur la messagerie interne de l’entreprise pendant que tout le monde a quitté le travail pour donner l’impression que l’on fait des heures supplémentaires.

Le télétravail se prête facilement à cette pratique. Selon une enquête réalisée par le logiciel RH Visier, les employés seraient même 64% à paraître « occupés » parce qu’ils pensent que c’est important pour l’évolution de leur carrière, et 33% le feraient par souci de montrer à leur manager leur plus-value.

Mais rien de bon ne peut en sortir. En effet, le manager n’aura pas de difficultés à comparer les résultats du collaborateur avec son comportement « fake ». Évidemment, plus le présentéisme est valorisé dans l’entreprise, plus les salariés ont des risques de « faire semblant ». Si c’est le cas dans votre organisation, avant de décider de faire revenir tout le monde au bureau, pensez à revoir votre management en privilégiant une relation de confiance vis-à-vis du temps de travail et à sensibiliser les équipes à ce phénomène.

#6- Un manque de créativité

Qui n’a jamais eu une idée jaillir dans son esprit en écoutant une autre personne de l’entreprise raconter son quotidien ? Et oui, les meilleures idées ne naissent pas souvent quand on les cherche. Elles surviennent d’un peu partout, lors d’occasions fortuites. Or, en travaillant seul de chez soi, le quotidien est routinier et les conditions pour stimuler la créativité ne sont pas au rendez-vous.

Dans le cas où les salariés font face à des problèmes nouveaux qui impliquent de trouver des solutions innovantes, le télétravail n’est probablement pas le cadre idéal pour activer l’imagination individuelle et collective ! Revenir au bureau permet alors aux collaborateurs d’échanger leurs points de vue, de mettre en synergie leurs compétences et réflexions.