La cooptation est une pratique de recrutement de plus en plus prisée des entreprises et des candidats, en particulier dans les métiers où la concurrence est rude. Méthode fondée sur le principe de la confiance et la connaissance préalable du postulant, les témoignages de celles et ceux qui ont été cooptés sont unanimes : la cooptation permet d’entrer dans le parcours de recrutement avec un avantage par rapport aux autres candidats ayant postulé par la voie classique. Rencontre avec trois femmes qui ont trouvé un emploi par ce biais.

La cooptation, une pratique qui a le vent en poupe

Un sondage réalisé en 2023 auprès de 500 recruteurs montre que 76% des programmes de recrutement par cooptation ont moins de 5 ans. Une statistique qui démontre l’engouement récent pour cette technique qui consiste pour un salarié à recommander un candidat de son réseau personnel ou professionnel lorsqu’un poste est à pourvoir dans  son entreprise.

Et pour cause, la cooptation présente des avantages aussi bien pour l’entreprise que pour le collaborateur cooptant. « La cooptation est un levier incroyable d’acquisition de talents et de fidélisation. Avant de recommander un profil, le salarié s’assure que les compétences acquises au fil de l’expérience et la personnalité du candidat sont cohérentes par rapport au poste à pourvoir et à l’ADN de l’entreprise » indique Roxanne, chargée de recrutement et coordinatrice du programme de cooptation.

Du côté des employés, coopter un candidat donne généralement droit à une prime lorsque le recrutement est validé et que la période d’essai est passée avec succès. Le montant est à la discrétion des entreprises et varie entre 50€ et 2000€. Mais qu’en est-il des cooptés ? Quels avantages retirent-ils de cette méthode ?

Un processus de recrutement souvent simplifié

« En principe, le processus de recrutement dans mon entreprise comprend 5 étapes. Mon ancienne N+1 qui travaille dans cette société s'apprêtait à lancer un recrutement dans son équipe et elle a pensé à moi. Elle m’a proposé de postuler avant même qu’une offre d’emploi soit officiellement publiée. Au final, je n’ai eu qu’un seul entretien avec le dirigeant avant d’être recrutée » confie Loren, Manager de projets marketing et Digital BtoB.

Une situation qu’a également vécue Christine, executive assistant à Genève. « Une personne de mon réseau LinkedIn m’a contactée pour me dire que son entreprise recrutait en CDD pour remplacer sa collègue en arrêt maladie. À ce moment-là, j’étais en pleine recherche d’un emploi, j’ai donc accepté d’échanger avec elle. Lors de notre conversation, elle m’a expliqué qu’elle appréciait mes prises de parole sur LinkedIn et qu’elle aimerait travailler avec moi. Je lui ai envoyé mon CV et elle m’a recontactée pour programmer un entretien informel avec le vice-président. Au cours de l’entretien, je me suis rendu compte que j’avais déjà postulé à ce job via une agence de recrutement sans savoir que c’était pour cette compagnie. Ma candidature avait été déclinée par l’agence et pourtant j’ai finalement eu le poste. Aujourd’hui, je suis en CDI. »

Néanmoins, avoir la chance de sauter une ou plusieurs étapes du parcours de recrutement n’est pas donné à tout le monde. Cela dépend du poste et du statut qu’occupe le cooptant. Dans nos deux exemples, les salariées recherchaient une nouvelle collaboratrice pour rejoindre leurs propres équipes. Pour Solène, directrice RH dans une ESN, la situation était différente : « C’est mon conjoint qui a recommandé mon profil à une collègue qui est devenue son amie, mais il ne travaillait pas dans le même service. J’ai passé toutes les étapes de recrutement comme n’importe quel candidat. »

Que le processus de recrutement soit raccourci ou non, les cooptés doivent faire leurs preuves en entretien comme tous les autres candidats. “Le poste ne nous revient pas de droit parce que l’on a été coopté. Le recruteur veille à évaluer en toute objectivité notre candidature”, insiste Christine.

Être coopté permet de connaître les coulisses de l’entreprise

Pour préparer l’entretien de recrutement ou simplement apprécier la culture de l’entreprise, 94% des candidats se rendent sur le site carrière (enquête RégionsJobs). Or, lorsque les informations sont rares, incomplètes ou imprécises, il est difficile pour eux de se faire une idée concrète de la réalité de l’entreprise. C’est en cela que la cooptation se distingue du jobboard : elle permet d’accéder à un niveau d’informations élevé et au plus près du terrain.

En effet, les salariés cooptants se positionnent en ambassadeurs de l’entreprise en offrant un aperçu des coulisses. Pour Solène, c’est un gros avantage par rapport aux autres candidats : « Grâce à mon conjoint qui m’a cooptée, j’ai eu accès à une multitude d’informations sur la culture de l’entreprise, les salariés et les méthodes de travail. Forcément, cela m’a aidée à orienter mes questions et mes réponses lors de l’entretien, et aussi à m’adapter rapidement et facilement à mon nouveau poste ». Un avis partagé par Loren : « Mon amie m’avait briefée sur la boîte, la culture, le fonctionnement. Je me sentais plus en confiance et détendue le jour de l’entretien. »

Lorsque l’on est coopté, il est donc essentiel de tirer profit de cet avantage. « Comment s’organise l’entreprise ? Quels sont les personnes clés et les arguments à mettre en avant lors du processus de recrutement ? Ce sont des exemples de questions à poser aux cooptants. Leurs retours et conseils sont très utiles pour apprécier la compatibilité du poste et de l’entreprise avec ses attentes, et parler le même langage que le recruteur » conseille Solène.

Le souci de bien faire pour le salarié cooptant

Si la cooptation présente de nombreux atouts pour les candidats, elle est également source de stress. L’organisation attend des employés qu’ils s’assurent que le profil du coopté est cohérent et qualifié par rapport au poste à pourvoir et à la culture de l’entreprise. En présentant le CV de son contact, le salarié cooptant « se mouille » alors pour ce dernier. Les candidats le savent, ce qui est génère du stress.  « Durant le recrutement, j’étais stressée car je ne voulais pas que la personne qui m’a cooptée le regrette et qu’elle subisse des répercussions si je ne faisais pas l’affaire », avoue Catherine.

Développer son réseau, la clé pour trouver un emploi par cooptation

Sans réseau, il ne peut y avoir de cooptation. Pour Catherine, « il est essentiel de développer et soigner son réseau. Il faut garder le lien avec d’anciens collègues et managers, être visible sur les réseaux sociaux pour attirer de nouveaux contacts et leur donner envie de nous coopter. »

Un conseil d’autant plus important dans les secteurs d’activité marqués par une très forte concurrence. « Chaque point de contact professionnel est important. Si aujourd’hui, telle personne est simplement une collègue, demain elle pourrait m’aider à trouver un emploi » souligne Loren.

En conclusion, la cooptation est une technique à ne pas négliger lorsque l’on cherche un emploi. Certes, elle ne garantit pas d’être recruté à coup sûr, mais ses avantages sont suffisamment importants pour sortir du lot. Faites-en alors bon usage !